« Antonine
Karzof venait d’avoir dix-neuf ans ; les violons du bal donné à
l’occasion de cet anniversaire résonnaient encore aux oreilles des
parents et amis ; la toilette blanche, ornée des traditionnels
boutons de rose, n’avait pas eu le temps de se faner, et cependant
mademoiselle Karzof était en proie au plus cruel souci. Les rayons
d’un pâle soleil de printemps éclairaient de leur mieux le salon
vaste et un peu sombre où l’on avait tant dansé huit jours
auparavant ; le piano ouvert portait une partition à quatre mains
qui témoignait d’une récente visite, – mais Antonine ne pensait
ni au soleil, ni à la musique ; elle attendait quelqu’un, et ce
quelqu’un ne venait pas. »